La société française a profondément changé
depuis la fin des Trente Glorieuses, mais
tout se passe comme si elle ne le savait pas
encore. Elle en distingue sourdement les symptômes
et en éprouve les manifestations les plus douloureuses
(chômage, exclusion, insécurité sociale,
ségrégation territoriale, sentiments de déclassement...).
Mais elle peine à se représenter clairement
les causes et les ressorts de ce bouleversement. Et,
faute de se comprendre elle-même, elle manque
des ressources nécessaires pour retrouver le goût
de l'avenir et se gouverner collectivement de
manière efficace. D'où l'urgence de fonder une
«nouvelle critique sociale» pour donner à voir les
antagonismes qui la structurent et lui rendre la
force et la capacité d'évoluer.