« Et si l’enchantement, c’était ça : ce désir rôdeur, quine doit jamais se dire, jamais se montrer, jamais s’assouvir ? »

Mais le désir ne se laisse pas faire si facilement.

Et lui, même s’il fait mine de l’ignorer, le sait et en joue.

Le chat est venu s’installer sur son pantalon de cuir, sa tête entre ses cuisses. Il caresse l’animal, lève les yeux vers elle. Elle se dit qu’il la provoque. Qu’il jouit de la priver de lui. Fugitivement, elle croit saisir dans son regard une lueur de plaisir cruel.

« Non, pas cruel. Pas lui. Pas avec moi. Allumer plutôt. »

Elle n’ose pas penser « pervers ».

Elle vient à côté de lui, trop brusquement, caresse elle aussi l’animal.

- Le chat a de la chance.

Il la regarde avec son air d’innocence, son air d’ange.

« D’ange exterminateur. »

- On a réussi depuis que je suis arrivé à ne pas nous blesser, à être attentifs l’un à l’autre, à ne pas nous dire de choses terribles, comme ça nous est déjà arrivé. Continuons…

Elle sent sa nuque se glacer.

« Soit il met à l’épreuve, soit, pire encore, il ne se doute même pas de ma souffrance. »

Les choses terribles qu’elle aurait pu dire, c’est :

« Je t’aime. Je te désire. Aime-moi. Fais-moi l’amour. »